Retroreading : Pet Sematary
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L'on fait un petit tour dans le passé aujourd'hui avec Simetierre, un roman de Stephen King publié dans les années 80.

Louis Creed est un jeune médecin qui débarque dans la petite bourgade de Ludlow, dans le Maine, avec sa femme et ses enfants. Son premier jour de travail, à l'université, est marqué par la mort accidentelle d'un étudiant. Peut-être un mauvais présage, c'est en tout cas ce que se dit Louis lorsque Church, le chat de la famille, passe sous les roues d'un camion.
Profitant de l'absence de son épouse et de ses enfants, Louis va enterrer le matou dans un vieux cimetière indien que lui a indiqué son voisin. L'endroit permettrait de ramener à la vie les animaux. Le lendemain, Church est en effet de retour... mais il a changé. Il émane quelque chose de nauséabond du pauvre chat.
La famille Creed n'est cependant pas au bout de ses peines, car un drame atroce va la frapper, mettant Louis devant un terrible choix.

Pet Sematary est sans doute l'un des plus sombres romans de King. Il en a d'ailleurs repoussé un temps la publication tant il le trouvait sinistre. Heureusement qu'il a changé d'avis, car cela aurait privé son lectorat de l'un de ses chefs-d'œuvre.
Même si l'on va éviter les plus gros spoilers, il est difficile de réellement "gâcher" ce livre simplement en en parlant tant l'essentiel de son intérêt ne réside pas dans le suspense ou les rebondissements mais bien dans le drame inéluctable qui se noue. Très rapidement, l'on peut aisément deviner ce qui va se passer, mais la tension n'est reste pas moins constante.


L'habileté de la narration de l'auteur est ici évidente. Les personnages sont patiemment construits, King les rendant non seulement vraisemblables mais aussi attachants, épais, humains. Les liens développés dans le récit, que ce soit au sein de la famille ou entre Louis et son sympathique voisin (faisant office de grand-père) permettent de rendre chaque évènement aussi cinglant que capital. Le lecteur souffre, vibre, saigne avec Louis et les siens. Le summum de l'émotion étant atteint lors d'une stupéfiante scène d'enterrement, avec des beaux-parents détestables qui remplissent eux aussi parfaitement leur rôle.
C'est un pur travail d'horlogerie, de l'écriture de virtuose, dont chaque phrase est finement ciselée.

La thématique ("il est des choses pires que la mort") n'est évidemment pas très joyeuse mais l'on peut dénicher quelques sous-thèmes un poil plus positifs (sans aller jusqu'à la franche bidonnade), comme la puissance des liens affectifs, le besoin d'espoir ou la nécessité de la transgression.
Est-ce que Simetierre fait réellement peur pour autant ? Pas vraiment, mais c'est loin d'être là le but du livre, et comme on a tenté de le démontrer dans cette chronique, King n'est pas le maître de l'horreur, mais bien celui de l'émotion. Et sur ce plan, ce roman remplit parfaitement son rôle, en vous secouant dans tous les sens et vous laissant essoré, étourdi mais heureux de l'expérience et de cette folle balade dans le Maine.
Attention, l'histoire a été adaptée en film mais autant le dire tout de suite, c'est de la merde (il ne reste que les faits, sans justement la profondeur et l'émotion qui leur donnent leur réel impact).

Bouleversant, magistral, imparable. Ludlow et son cimetière pour animaux risquent de vous hanter longtemps après la dernière page tournée.
À découvrir absolument.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une maîtrise narrative d'une efficacité exceptionnelle.
  • Personnages parfaitement construits.
  • Des scènes d'une puissance émotionnelle rare.

  • Avec Virgul comme mascotte, l'on ne peut que déplorer le sort de ce pauvre petit Church.